Cela faisait déjà une semaine que je me trouvais à Tokyo. Mon rêve s'était enfin réalisé. La veille de mon départ, ma mère avait été triste. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, soi-disant parce que son "poussin" allait prendre son propre envol. Lors de ma jeunesse, je n'avais jamais voyagé ni avec ma famille. C'était une première pour ma famille. Quant à mon père, il m'avait fièrement serré dans ses bras. Il avait espéré depuis longtemps un jour tel que celui-ci, où je m'en irais. Le voyage en avion avait été agréable. Les hôtesses de l'air étaient sympas et souriantes. J'avais surtout passé mon temps à écouter de la musique et à roupiller pendant mon trajet. Dès mon arrivée, j'ai eu un air ébahi en découvrant l'immensité de Tokyo. La ville témoignait d'une grande activité. J'avais rapidement compris que mes vêtements chauds comme mes pulls ne me servaient à rien à part crever de chaud. J'ai donc rejoint mon hôtel pour y déposer mes valises. Mes parents avaient pris soin de me donner un bon hôtel proche de l'université. Je séjournerai dans cet hôtel pendant une semaine entière le temps que l'Edenbridge Music School ouvre. Pendant ce court laps de temps, j'ai décidé de promener dans les alentours. Je me suis acheté de nouveaux vêtements, des disques de musique, des posters et quelques mangas. J'ai eu le temps de balader et discuter avec quelques touristes ou passants pour évaluer mon niveau de japonais.

La semaine s'est terminée rapidement. J'ai été déçu de ne pas avoir plus profité de mes petites vacances en liberté. Je n'avais plus eu de parents, de responsabilité, de professeurs sur le dos. Ce court moment de répit était désormais fini. Je me suis donc rendu à Edenbridge Music School. J'étais joyeux à ce moment-là avec un sourire aux lèvres. J'avais décidé de ne pas porter mes écouteurs pour me concentrer sur le chemin de l'université. Malheureusement, je n'ai pas pu m'empêcher de chantonner un morceau de musique qui m'ait venu en tête. Je me suis mis à chanter de plus en plus fort, sans en être conscient. Lorsque j'ai été dans le hall de l'université, je me suis mis à chanter très fort, presque en criant. Des étudiants m'ont regardé, surpris. J'ai compris la bêtise que j'ai fait puis je me suis réfugié dans un coin. J'étais un nouveau. Je ne savais pas comment m'y prendre pour me mêler aux autres élèves. J'ai balayé les environs avant de tomber sur une étrange adolescente. Elle était minuscule et avait les cheveux bleus. Ma curiosité avait pris le dessus sur moi. Je me suis avancé vers elle puis sans aucune gêne, j'ai tripoté l'une de ses mèches bleues.

"Tu es née avec des cheveux bleus ?"

J'avais posé cette question soudainement mais cela ne me gênait pas. Cela m'arrivait parfois de poser des questions à des inconnus comme ça. Je n'arrivais pas à me contrôler et à me tenir à l'écart. Cependant, j'avais osé m'approcher d'elle car elle ne paraissait pas très méchante ni bizarre. C'était une fille qui sortait du lot et qui, selon moi, méritait mon attention.

L'adolescente que je venais d'aborder a explosé de rire. Je ne croyais pas vraiment que ma question était une blague mais en réfléchissant un peu mieux, elle pouvait être bizarre. Elle a répondu à ma question en blaguant à son tour. Si j'étais un imbécile, j'aurais tout de suite gober son histoire d'extra-terrestre. Sauf que j'étais bien capable de dire des âneries mais pas de croire celles des autres. J'ai ri à mon tour. C'était une fille cool. J'aimerais bien que toutes les filles de l'école soient comme elles. Cool et excentrique. Je l'ai observé un petit instant de la tête aux pieds. Je voyais plus devant mes yeux une enfant qu'une jeune adolescente qui allait devenir une femme dans les années à venir. Sa peluche qui ressemblait à un lapin, deux couettes bien faites et sa valise traînante lui donnaient vraiment un air d'enfants. Je me demandais vraiment si elle était vraiment venu étudier à Edenbridge Music School. Mais comme le disait un vieux proverbe, l'habit ne fait pas le moine. Je me trompais surement sur sa personnalité. Elle devait bien être plus mature qu'elle laissait en penser. Quant à moi, je ne pouvais pas dire que j'étais quelqu'un de poli. Je fonçais sur des inconnus, leur parlais comme si de rien était et dans la plupart des cas, je partais ailleurs pour voir une autre personne inconnue. C'était à cause de ces pensées-là que je me suis dit qu'il fallait que je me présente.

"Vladimir Litovski et toi ? Tu veux un bonbon ?"

Je ne savais pas si c'était sa taille ou son apparence mais cette fille me faisait vraiment penser à une enfant de dix ans. C'était pour cela que je lui ai demandé si elle souhaitait un bonbon. J'avais l'habitude d'en passer aux enfants de mon quartier lorsque je vivais en Russie. A force, j'ai gardé l'habitude d'en avoir toujours sur moi. En Russie, on m'appelait le "Monsieur aux bonbons" et les parents de ces enfants ont rapidement aimé mon comportement généreux à l'égard de leurs enfants. Par contre, c'était coûteux les bonbons de nos jours. En repoussant mes souvenirs de mon esprit, j'ai tendu un schtroumpf. C'était des bonbons qui venaient d'un célèbre dessin animé français je crois qui était passé dans mon pays d'origine. J'en avais acheté une tonne de paquets de sucreries différents avant mon départ. J'ai regardé dans la direction de la fille avant que je ne lui parle. Elle avait été occupée pour autre chose. Je me suis avancé et j'ai aperçu la liste des classes. Plutôt que de chercher mon nom, j'ai préféré appeler la fille aux cheveux bleus.

"Tu sais dans quelle classe tu es ?"

J'avais préféré lui poser la question avant de m'occuper de ma propre classe. A ce moment-là, je n'étais pas pressé d'aller en cours. Je souhaitais flâner dehors et rencontrer d'autres élèves comme cette fille. Je me suis tourné vers l'adolescente bleue, en lui laissant un peu d'espace pour voir la fiche contenant les classes puis j'ai attendu sa réponse.